Merveilles de Femme

Histoires africaines

KORKIZ - AHMA&KOKO

Chapitre K1

***** IBA MICHEL SARR******

« Mesdames, messieurs, ici, votre commandant de bord ! Nous entamons notre descente vers l’aéroport Blaise Diagne… »
Dieu, je n’arrive pas à croire que j’ai laissé Ahma me convaincre de revenir au Sénégal. Vraiment j’aurai pu m’en passer.

Eh bien cher pays me revoilà !!!! Même si j’étais très loin de l’ado mal dans sa peau qui se faisait martyriser dans les couloirs de l’école, j’avais encore cette boule dans la gorge quand je pense à tout ce que j’ai vécu ici. Je fixais mon hublot, le regard perdu dans les nuages, des bruits, de cris revenant dans ma tête, des colères et des frustrations titillant mon cœur… Je fermais quelques secondes les yeux espérant que ça cesse très vite… Mais en vain. Moi qui me croyais guéri de tout ça !

Mais peut-on réellement guérir complètement après avoir été persécuté quasiment durant toute son adolescence ? Mon frère m’a sauvé, et mon côté artiste m’a empêché de détruire toute l’originalité qu’il y avait en moi. Depuis, ma personnalité a pu éclore malgré ces terribles années. J’avais su saisir les mains tendues quand j’étais dans le gouffre, et en quittant Dakar, j’ai pu profiter de l’isolement pour réfléchir à qui j’étais vraiment et avec Ahmada à mes côtés, j’avais toutes les raisons pour ne jamais perdre espoir. C’est ça qui m’a permis d’avoir le courage de me battre, ou au moins de me relever des coups reçus tout en restant assez fort pour continuer à me construire.
Tout avait débuté, à ma rentrée en CM2.

J’avais passé l’été aux USA avec mon père, chez son meilleur ami, à Miami et je suis rentré de vacances avec un surpoids qui a horrifié ma mère. Ayant eu conscience très jeune que cette dernière voulait que je sois parfait, je savais qu’elle ne me laisserait pas respirer tant que je n’aurais pas perdu ces kilos en trop. Ses critiques je m’y attendais mais ce qui n’était pas prévu c’est que le regard de mes camarades de classe change. La plupart, on se fréquentait depuis la maternelle, donc dans ma tête d’enfant il était impossible qu’il puisse me traiter autrement parce que j’avais changé physiquement.

Les premiers jours d’école, ils se sont moqués gentiment de mon ventre, mais un jour, en digne fils de ma mère, j’ai contredit notre maître qui l’a très mal pris. Il m’a dit « tu as intérêt à la fermer, porcinet, ou je vais faire de ta vie un enfer ». Tous les élèves ont éclaté de rire, à cause de « porcinet », occultant l’insulte et la menace présentes dans la phrase. Ce sobriquet s’est répandu comme une traînée de poudre dans toute l’école grâce à ceux que je prenais pour mes amis. J’ai eu droit à ce que la moitié des élèves se paie ma tronche. « Porcinet », « gros microbe », « lourdaud » …

Petit à petit, ma confiance en moi s’est brisée. J’entrais à l’école la peur au ventre. Je suis devenu le bouc émissaire de mon prof, la classe, puis de toute l’école. Un effet de meute contre lequel il était très difficile de lutter. Le passage dans les vestiaires après le sport était un calvaire, on cachait mes vêtements ou on les mouillait, on me poussait, me donnait des coups. Dans les couloirs, la cour de récré, à la cantine… je n’étais plus à ma place nulle part, et ce stress me faisait encore plus grossir. Je me repliais sur moi-même, me réfugiant dans la nourriture. Personne dans ma famille n’était au courant de mon calvaire. J’ai passé la pire année de ma vie.
Les grandes vacances sont arrivées comme une délivrance. Et c’est cet été-là, que maman Kya, la jumelle de ma mère, a divorcé avec tonton Habib. Elle est revenue vivre à la maison avec mon cousin, Ahmada. Avec tous mes problèmes personnels, j’étais frustré et aigri et voir la bonne humeur et la joie de vivre de mon cousin me foutaient les boules.
Ahma était tout ce que je voulais être subitement.

Il avait 3 ans de plus que moi, il était déjà grand et baraqué, très sûr de lui. Ma mère l’adorait et ne le cachait pas, et lui le suivait partout, à la caserne, au sport, partout ! ils partageaient les mêmes passions et maman s’était donné le but de le former à son image. J’étais toujours agressif quand il essayait de m’approcher. Je me disais qu’il était trop parfait et qu’il n’allait surement pas tarder à me trouver des défauts et à se comporter comme les autres en me rabaissant. Etant trop focalisé sur mes malheurs, je ne m’apercevais pas que j’étais en train de construire un mur entre moi et les membres de ma famille. Alors que ce n’était pas leur faute ce qui m’arrivait, même si ma mère aurait dû se rendre compte de mon mal-être. J’avais toujours été un enfant joyeux, tête en l’air, loufoque, curieux et créatifs, elle aurait dû savoir que quelque chose clochait… mais elle a mis mon nouveau comportement sur le compte des caprices. Le commandant Kayra Aidara de la brigade de l’armée de l’air était une « brute » insensible à mes yeux.
Maman Kya, quant à elle, avec toute la douceur du monde, essayait tant bien que mal de me faire sortir de ma bulle, mais même si je profitais de sa tendresse, je n’avais pas eu le cran de lui avouer tout ce que j’avais subi à l’école.
La rentrée au collège devait être la suite de mes malheurs. J’aurais tout donner pour changer d’école mais l’institut ou j’étais, était l’un des plus réputé de l’Afrique de l’ouest et il comportait maternel, primaire et secondaire. Pour mes parents, il était impensable que je change. Ahma était en 4eme et même s’il était nouveau, il est devenu très vite populaire, son gabarit, ses qualités sportives et ses fossettes furent très vite remarqués. Moi j’étais plus que jamais seul.

Puis un jour, après le cours d’éducation physique, je subissais comme d’habitudes dans les vestiaires, les coups et les insultes de certains garçons qui m’avaient pris en grippe quand Ahmada qui avait sport à l’heure suivante est entré pour se mettre en tenu. Dès qu’il s’est rendu compte de la situation, il les a « massacré », en criant comme un forcené que désormais quiconque oserait toucher juste un de mes cheveux, il lui fera payer très cher. J’étais même plus choqué que les autres cons qui ont pris leurs jambes à leur cou. Il m’a juste demandé depuis quand ça durait et quand je lui ai raconté, il m’a fait promettre de lui dire si quelqu’un me faisait du mal. « Iba tu es mon frère, ne l’oublie jamais et je te protégerais toujours… »
C’était une promesse solennelle et à partir de cet instant, il est devenu mon bouclier.

Mais même si physiquement je ne recevais plus d’attaques grâce à lui, les attaques morales étaient devenues leurs nouvelles armes. Les humiliations surtout en classe étaient les pires car c’était devant certains professeurs et ils ne disaient rien. Ils étaient complices car ils faisaient semblant de ne pas voir ou de ne pas entendre. Je suppose que c’était plus facile pour eux de passer sur certaines choses en continuant leur petite vie bien tranquille.
En 5éme, mon prof de maths m’a carrément reproché de me comporter comme une fille car j’étais venu me plaindre auprès de lui. Il m’a engueulé devant toute la classe, et j’ai entendu quelqu’un derrière moi chuchoter : « c’est vrai qu’il ressemble à une fille avec ces cheveux-là, ses grosses fesses et sa poitrine on dirait qu’il a des seins… » J’étais métis et gros, c’était normal que j’aie des cheveux plus fournis et que certaines parties de mon corps soient plus développées, mais très rapidement, il a suffi que ces quelques mots sortent d’une bouche, que ça devienne quasi viral. « Iba la pétasse » était mon nouveau surnom.

C’était l’horreur ! En classe de sport, les garçons me bousculaient vers les filles, car ils ne voulaient pas « qu’un pédé » se mettent avec eux. Et le prof laissait faire en plus de rigoler de tout ça ! Ahma s’est tellement battu contre les autres pour moi que j’en avais honte. Après juste deux mois de cours, il avait déjà reçu 3 convocations pour mauvaise conduite. Sa mère le punissait mais il a toujours respecté ma volonté de ne rien dire aux parents. Il y a des jours ou je pensais à fuguer, mais j’avais trop peur de ma mère pour tenter quoi que ce soit.
Durant des mois, j’ai subi un acharnement sans commune mesure. Puis un jour, c’était lors des journées culturelles de l’école, j’étais comme d’habitude caché dans la classe alors que l’ambiance battait son plein dans la cour. Notre prof de dessin m’y a trouvé, dans un premier temps, il s’est contenté de me conseiller à me rebeller de la façon dont me traitaient mes camarades puis ses propos ont dévié sur un terrain qui m’a laissé sans voix. « Tu ne dois pas avoir honte de qui tu es, ce n’est pas un problème que tu ressembles à une fille, moi en tout cas j’aime bien… » Mon silence l’a sans doute encouragé, car il est venu jusqu’à ma hauteur et il a sorti très vite sa teub pour me demander si je ne ressentais pas l’envie de le sucer. J’ai pris mes jambes à mon cou, laissant mes cahiers, mon sac, toutes mes affaires, sans me retourner.

Je me sentais sale, mauvais ! je ne pouvais pas comprendre que je puisse inspirer autant de déchéance, d’acte contre-nature. Je suis rentré à la maison sans attendre Ahma et quand je me suis enfermé dans ma chambre, j’ai tenté de mettre fin à tout ça…
Je me suis réveillé dans une chambre d’hôpital.
Et la première chose que j’ai vu c’était Le visage ferme de ma mère, assise sur le lit, sa main me caressant doucement la tête. Ahmada était à ma droite faisant les cent pas les yeux rouges, l’air en colère. Dès qu’ils se sont rendus compte que j’étais à nouveau conscient commandant Kayra a suspendu sa caresse et s’est levée du lit.

• Ta vie vaut si peu cher à tes yeux pour que tu n’en veuilles plus ? demanda-t-elle
• …
• Ce n’est pas la bonne question, maman, grogna Ahma
• Ce n’est pas à toi que je parle Ahmada Bassirou, et puis sort de cette chambre, j’ai besoin de parler seul à seul à ton petit frère
• Je vais sortir mais une chose, il serait temps que tu enlèves un peu le costume de commandant pour endosser celui de mère, assena-t-il clouant le bec à la daronne qui était choquée par son audace. Il se tourna vers moi et me regarda droit dans les yeux et dit : « le temps du silence est fini ». Puis il sortit de la chambre.

N’ayant pas pris en compte de l’avertissement d’Ahma, elle n’y est pas allée de main morte avec moi, et je pense que si je n’étais pas cloué au lit, elle m’aurait giflé. Cependant, recevoir des coups aurait été plus tendre que ses reproches.
Face à tout ça, je suis entré dans un mutisme que les médecins ont qualifié de choc post suicide. J’étais en train de devenir fou, j’étais incapable d’exprimer mon mal-être et je ne suis pas retourné à l’école, le seul bon point dans tout ça. A part le dernier épisode, car il n’était pas au courant, Ahma a raconté à mes parents ce que je vivais à l’école depuis 3 ans. Et comme avec ma mère tout se règle par la violence physique ou morale yoname nékoussi, elle a porté plainte contre l’école créant un boucan pas possible. Pour une fois, mon père était en accord avec elle, ils se promirent de leur en faire voir de toutes les couleurs pour leur négligence et leur laxisme. Entre temps, mon frère a eu son Bfem et mama Kya nous a proposé qu’on aille voir nos grands-parents maternels en Allemagne, Cherif Aynina et Hilde Amina Aidara.

C’était une sorte de renaissance pour moi, je me suis remis à parler. Être auprès de Papi Aidara m’a fait du bien, Mamie Aidara s’est occupé de mon frère et moi comme des bébés. A la fin des vacances, j’ai piqué ma crise je ne voulais plus retourner au Sénégal, et grand père m’a soutenu, ne laissant pas le choix à ma mère et Ahma a voulu rester avec moi. Depuis que je lui avais raconté l’histoire avec le prof de dessin, il ne me quittait plus d’une semelle. Il me surveillait encore plus, comme du lait sur le feu. A la rentrée, Mamie nous a inscrit à l’institut privé Le Gymnase Jean Sturm, à Strasbourg en France comme on ne parlait pas Allemand et que c’était à moins d’une heure trente de route en voiture. Ahma était au lycée et moi au collège et après un test, j’ai pu passer en 4éme.
C’est là-bas que j’ai rencontré mon autre moi, ma version féminine, Korka Ndir. Elle venait aussi de débarquer à Saarbrücken avec sa mère et dans leurs bagages un flot de souvenirs désastreux qu’elles voulaient juste enterrer. On était des gosses à problèmes, avec de profonds problèmes de confiance en soi. Et pourtant elle était belle, imposante, faisant tourner la tête de tout le monde même de mon frère !!! c’est la seule personne que j’ai vu avoir le pouvoir de rendre fou le frangin et dans tous les sens du terme ! elle aussi avait eu une enfance des plus douloureuses et endossait un héritage familial qu’elle aurait aimé se défaire. On accumulait les bêtises c’était chaud parfois, Ahma nous engueulait mais il nous couvrait toujours et ce fut ainsi jusqu’à ce qu’il se décide à vivre pour lui-même, il y a 5 ans…

« Nous venons d’atterrir, à L’aéroport international Blaise Diagne, la température est de bla-bla-bla… »
La voix du commandant de bord me fit aussi atterrir du long vol de mes souvenirs. Bijou, ma fiancée, qui a dormi tout au long du vol se réveilla en baillant comme une dingue. Elle essuya un peu de bave qui coulait sur le coin de sa bouche pulpeuse et entreprit de se remaquiller avant la descente. Les femmes !
Etant en classe affaire, on descendit les premiers, les formalités policières furent vite régler et on quitta enfin l’atmosphère étouffante de la zone de douane. Bijou n’arrêtait pas de rouspéter dans mes oreilles mais j’avoue que je l’écoutais distraitement. Tous ces souvenirs m’avaient un peu bousculé et je tournais au ralenti. C’était la première fois que je foulais le sol de l’aéroport blaise Diagne et ça me changeait vachement de LSS. On a galéré un peu avec les bagages mais je m’y attendais avec les 6 valises de Mlle Sakho. J’étais subitement à bout, et à coup sûr, je n’allais pas tarder à peter un câble. Dès qu’on finit de tout récupérer, je filais à grand pas vers la sortie, laissant ma fiancée qui me traitait de tous les noms d’oiseaux possible derrière mon dos. J’en avais déjà marre d’elle et de ses caprices.
Dès notre sortie, la grosse carrure de mon frère se fit voir et je retrouvais le sourire ! Dieu, serait-il possible qu’Ahma puisse continuer à « grandir » ? il dépassait toutes les personnes qui attendaient de deux bonnes têtes, j’avais l’impression que depuis la dernière fois qu’on s’était vu, il avait encore pris de « l’ampleur ». Le voir était rassurant, et j’en oubliais le déplaisir de revenir dans mon pays natal. Je savais que même si le Sénégal avait cessé d’être ma maison physique, tant que Ahmada Bassirou Samb y vivrait, quoiqu’il advienne, ce pays restera un refuge pour moi.
Dès que nos yeux se sont croisés, il a détecté ma détresse profonde et son accolade, quelques instants plus tard, semblait me dire « ressaisis toi, boy-fils ! ».

• Sonia, la femme d’Ahma : uhum uhum ! on est là aussi vous savez !
• Moi : ma femme à moi ! Quel plaisir de te voir enfin en chair et en os !
• Sonia : oui, oui c’est ça, bayil fokheul yi tu n’as d’yeux que pour ton frère, me chambra-t-elle
• Bijou : ça commence bien dale ! Ahma juste une chose, on est là pour notre mariage, alors ne me fait pas la même chose que quand on s’est retrouvé au Maroc, ne t’accapares pas de mon homme !
• Moi : wowowow ! on se calme, Bijou, tu n’es même pas encore Mme Sarr et tu sors les crocs ?
• Bijou : dama léne khame rek (je vous connais), donc je prends les devants.
• Moi : pas de bol, alors ! yaw tu sais bien que si ce n’était pas grâce à Ahma je ne viendrais pas au Sénégal mariage ou pas, donc reste tranquille et ne commence pas
Mon frère ne s’était même pas donné la peine de lui répondre, et ce n’était pas surprenant il ne s’attardait jamais sur des détails. Il est le digne fils de ma mère, sa réplique parfaite au masculin.
• Sonia : enfin je te vois en face, ma chérie, s’écria-t-elle en faisant des bisous bien sonores à Bijou
• Bijou : Sonia, ma belle, quel plaisir ! tu es magnifique…
• Sonia : bayil togne yaw et puis guisse nala ! (te moque pas de moi et puis je t’ai vue)
• Bijou : shi beau-frère tu as l’œil ! wa souris-moi nak, sankeu damla done togne rek, boul ma merer tamite (ne prends pas en compte tout ce que je dis c’était juste des blagues) Ahma chou
• Ahma : bijou ba yangui si diameu (tu vas bien) ? et avant même qu’elle ne réponde il se tourne vers moi. Si tout est bon on y va, je dois retourner au travail
• Moi : attend, tu sais si le vol en provenance de Campinas est arrivé ?
• Bijou : kouy djouguer Bresil fofou (qui vient du brésil)?
• Ahma : quelle compagnie ?
• Moi : Emirates
• Ahma : je crois que si
• Bijou : do ma tontou yaw (répond-moi, toi) ?
• Moi : Koko
• Bijou : KANE ??? ah non !!! Iba Michel Sarr loma yaber rék ? qu’est-ce qu’elle fout ici ? C’est mon mariage quand même et j’ai le droit de choisir les gens que je veux inviter et cette connasse ne fait pas partie de ma liste, jamais la wakh dou mane ak mome !
• Moi : Bijou Merde !
• Bijou : …
• Moi : tu imaginais vraiment que Koko ne soit pas présente à un événement aussi important pour moi ?
• Bijou : je ne veux pas d’elle ! je… je, bégaya-t-elle

Elle perdit le fil de son argumentaire en fixant un point derrière mon dos. Tous les gens, en face de moi fixaient on dirait le même point. Je devinais qui pouvait autant capter leur attention, et le regard de mon frère me confirma l’identité de celle qui venait de débouler dans le hall des arrivées : KOKO NDIR !
Je me retournais doucement pour la voir déambuler comme une reine pour venir nous rejoindre et savourer enfin le plaisir de l’avoir dans mes bras après dix-huit mois sans se voir. Elle posa doucement la sacoche de sa guitare au sol et se jeta dans mes bras.

• Koko : Bärchen (surnom affectueux en allemand) murmura-t-elle en me serrant contre elle
• Moi : Schatz (trésor), tu es enfin là, murmurais-je

Je la fis tournoyer et elle riait aux éclats, régalant les yeux des nombreux spectateurs qui ne perdaient pas une seule miette de la scène. Quand elle se détacha de moi, elle bloqua net sur Bijou qui la mitraillait avec ses yeux. Du haut de ses 1M82, elle toisa ma fiancée d’un air qui ne présageait rien de bon. Je faillis éclater de rire quand elle lui cria soudainement : Bijou, Houli* !
À part Ahma qui semblait au bord de la crise de nerf, tout le monde a rigolé, Sonia a essayé d’être discrète, mais rire était devenu irrépressible. Même Bijou, celle qui devait se sentir humiliée a émis un rire nerveux mais on sentait toute sa frustration ! Ahhh, Koko, elle ne laissait jamais personne indifférente ! ma fiancée aura beau crié sur tous les toits qu’elle le détestait, on savait bien que ma meilleure amie la fascinait.
Ce séjour promettait d’être palpitant, pas à cause de la possessivité quasi maladive de bijou Sakho à mon égard, mais plutôt pour une certaine retrouvaille entre mon frère et ma poto ! je dis ça je ne dis rien ! depuis que notre djinée internationale est là, on dirait qu’il était à deux doigts de lui sauter dessus ! après, on pourra débattre si c’est pour l’embrasser ou pour l’étrangler…

*Houli : une expression pour dire à une personne d’arrêter de nous regarder.