Merveilles de Femme

Histoires africaines

Sacrilege

Sacrilège – Partie 02

Sacrilège – Partie 02

Nana

Le soir après la prière du Maghreb nous nous retrouvons dans notre chambre ma sœur Fatima et moi. Muhammad lui était partie chez notre mamie (la mère de maman) à la demande de maman. Le pauvre il était très triste et n’arrêtait pas de pleurer. Fatima a dit qu’elle voulait me parler. J’ai trouvé dans la chambre une bouteille de Coca Cola et des nems…

– Fatima on fête quoi ? Demandai-je intriguée

– Rien ma chérie, une soirée entre fille, dit-elle en me faisant un clin d’œil

Fatima est l’ainée de la famille, elle est le bras droit de maman si je peux le dire ainsi. Elle a juste 19 ans mais elle se comporte comme si elle était notre mère. A chaque fois que maman la présente comme sa fille aînée les gens disent que ce n’est pas possible soit elle est sa sœur soit sa jumelle ça nous faisait tellement rire… Fatima vient juste de décrocher son baccalauréat avec la mention très bien, elle a été très brillante tout au long de son cursus scolaire ce qui lui a valu d’être primée au concours général avec une bourse pour terminer ses études dans une prestigieuse université aux Etats-Unis d’Amérique. Le jour de la délibération des résultats de l’examen papa lui a lancé en pleine figure…

Flashback

– Ne te fatigue même, tu ne seras même pas admise aux deuxième tours !

Fatima la regarda les larmes aux yeux, déterminée

– Si Allah le décide, je décrocherai mon examen haut la main avec mention car je me suis tuée ces neuf derniers mois juste pour lire de la fierté dans les yeux de maman et lui dire enfin (en regardant maman droit dans les yeux) qu’elle ne s’est pas investie pour rien pour ses enfants je serai une excellente juriste ta plus grande fierté maman…

Choqué de la réponse, il ajouta d’une voix tremblante que le rêve était permis

– Ne te stresse pas mon cœur tu l’auras avec un clin d’œil, fit maman avec un clin d’œil

– Amine maman ! Amine

Quelques heures après nous étions assis dans le salon en train d’attendre les résultats. J’avoue que j’étais quand même stressée et maman semblait sereine. Elle tenait à la main son chapelet comme à son habitude. Le portable de Ma sonna, elle décrocha sans hésiter…

– Allô, Alhamdoulillah, fit-elle avant de faire de prosternation en disant « Allahou Akbar ». Ya’Allah rékay Bour ! Fatima a eu son bac avec mention très bien, dit-elle en regardant papa droit dans les yeux.

Ce dernier s’est levé et est vite sorti du salon sans un mot.  Il existe une très grande complicité entre maman et nous au plus grand malheur de Pa.

Je disais que Fatima voulait me parler. Nous nous sommes installées dans  le lit de Fatima

– Et qu’est-ce qui me vaut cette soirée entre fille, demandai-je à Fatima toujours triste

– On va papoter entre fille sans secrets et sans tabous, répondit-elle

– Hum bakhna dall bamou sotti rek !

– Je vais être sérieuse nak, je suis encore jeune mais j’ai beaucoup plus d’expérience dans la vie que toi. Tu as entendu tout ce que papa a dit il n’a jamais cessé de nous maudire oubliant même qu’on est ses enfants…

– C’est parce qu’il nous a jamais aimés…

– Motakh nak niou wara fass diom niafé ba lounou ya’Allah may niou dieul (C’est pour cela qu’on doit se battre !) On est certes jeunes mais ça fait pas de nos des sans cervelles. On a été témoins de tous les coups bas que papa a fait à maman dans cette maison. Et rien que pour ça on doit venger maman. Et comment faire ? En nous battant jusqu’à notre dernier souffle. Tu as 15 ans et tu seras l’année prochaine en première Masha’Allah. Ne te prends pas la tête petite sœur, t’es encore jeune certes mais tu vas devoir travailler dure pour obtenir ton « laisser-passer » le bac et pour ce qui reste c’est à dire les études. Ne fais pas des hommes ta priorité t’es devenue une jeune fille très belle ma chérie et j’ai vraiment peur pour toi surtout quand je vois certains hommes t’aborder sur le chemin de l’école. Tu es tellement innocente tu ne sais pas grand-chose de la vie. Elle se tait et essuie une larme puis reprends. Ne te fais pas avoir, tu sais bien que j’ai un copain Demba, il est le cadet de mes soucis les études sont ma priorité… suis mes pas, ne donnons pas à papa l’occasion de dire à maman « je te l’avais dit » Gardes toi, rendons fière maman et fermons la bouche du vieux !! C’est clair ?

Je fais oui de la tête

– Allez top là et mangeons…

Au même moment maman entre dans la chambre et on attend un petit bruit dehors. Elle boitait la jambe et avait une petite mine mais elle gardait quand même le sourire…

– Votre tante est là…

– Notre tante kay, la femme de l’éternel mécontent tu veux dire…

Et c’est parti pour fou rire

– Nekk lenn nitt ! Respectez votre père, bakhna barkè Baye déh !

– Pas un père comme lui…

Au même moment le vieux s’incruste dans la chambre, il fixa ses yeux remplis de haine sur maman avant de s’adresser à nous

– Hey venez saluer votre tante tout de suite !

On sort pas du tout enchantée à l’idée de saluer cette femme, maman s’empressa d’aller vers sa chambre. Avant même qu’elle ne franchisse la porte de sa chambre papa se remet à crier

– Mais où vas-tu ? Viens saluer ma femme !

 – Suis la tradition et sois juste, qu’elle me trouve dans le salon si elle veut me saluer, ce n’est pas moi qui vais me déplacer pour la saluer ! Dit-elle avant de s’enfermer dans sa chambre.

Papa lui n’en revenait pas il était à la fois surpris de cette réponse et en même temps énervé. Fatima me regarda avec un sourire satisfait avant de me faire un clin d’œil qui disait très satisfaite de la réponse de maman.

Papa nous devança et entra dans la chambre. On entra à notre tour et dès que nous franchisâmes la porte une femme d’une quarantaine d’années avec une peau bien dépigmentée, nous demanda de sortir de la chambre…

– Mais c’est quoi ces manières ? Qui vous a demandé d’entrer dans la chambre sans permission ? Ah chéri ça se voit tes enfants ne sont pas bien éduqués gni gno rew deug ! Sortez, allez oust ! Frappez d’abord à la porte et attendez qu’on vous demande d’entrer ! Rew ba dof !

Nous sortîmes de la chambre honteuse, je ne savais même plus où me mettre et j’en suis sûre que Fatima est dans le même cas que moi…

On frappa à la porte et ce n’est que deux minutes après qu’on nous demande d’entrer

– Présentez-Vous !

Fatima pris la parole en première

– Je m’appelle Fatima Zahra Soumaré !

– Je m’appelle Laliya Soumaré !

– Bon wane nalenn may kane ba paré dangenn ma meuneu respecté ma def lenn comme dom sinon niouy defante rek comme ay woudiou ! (Bon je vous ai déjà montré qui je suis, alors soit vous me respectez soit on sera de vraies rivales) Ani senn yaye ? Wakh lenn ka mangi kay khar ! (Dites à votre mère que je l’attends) Maintenant sortez !

– Quelle manque de tenue ! Sortit Fatima dégoutée

– En tout cas ça se voit qu’elle est venue juste pour semer la zizanie dans cette maison, dis-je

– En tout cas…

– Mane sakh dama ka khamé ci kogne bi (On dirait que je l’ai déjà vu dans le quartier) ajouta Fatima

– Tout comme moi… Yaw wakh nga deugeu c’est la maman de Moctar ! (Tu as raison c’est la mère de Moctar !)

– Qui est Moctar ?

– C’est le basketteur beau là, le gars métissé là, il paraît même qu’il évolue maintenant en France !

– Ah je ne le connais pas. Et toi depuis quand tu connais les gens du quartier jusqu’à savoir que le gars vit en France ?

– Mo, il sortait avec Ndeye ma camarade de classe, elle a dit qu’elle ne peut pas gérer les relations à distance. Mais il est tellement beau ce mec ! Sortit encore Fatima

– Aaaaaah tu as bien regardé l’enfant d’autrui tchiéééé !

– C’est juste qu’il est regardable. Mais tu l’as entendue dire qu’elle attend maman cette folle ?

– Laisse-là attendre !

– Elle croit que maman est une peureuse mais elle ne la connait pas bien, elle est certes douce mais ne se laisse pas marcher sur les pieds encore moins par une femme bête comme elle !

– Ça c’est sûr !

– Bon dormons ma chérie! Demain sera un nouveau jour…

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