Epouse Irréprochable – Partie 02
Une semaine après son avortement, Sami fit la connaissance d’une magnifique jeune femme du nom de Fatima Zahra Sall. Elles se sont rencontrées à la fac, la nouvelle venue demandait des renseignements…
– Excusez-moi ma sœur, pourrais-je savoir ou se trouve le secrétariat s’il vous plaît ? Demanda Fatima, très polie
– Prenez le couloir et tournez à votre droite à la fin, vous verrez les tableaux de renseignement. Faites attention la dame à l’accueil est une vraie mégère ! Confia Gaby tout sourire
– Oh ne vous inquiétez je suis très patiente avec les difficiles. Vous ressemblez à une sénégalaise ou je me trompe ?
– Oh non, je suis bien sénégalaise de par mes parents mais rien d’une sénégalaise ! Rétorqua-t-elle en riant
– Dégoulo wolof sakh ? (vous ne comprenez pas le wolof ?)
– Vous venez de m’insulter ? Questionna-t-elle sur la défensive
– Oh non je demande juste si vous comprenez le wolof ?
Elle rit à un bon coup avant de se ressaisir
– Vous avez la réponse, je crois. Venez, je vous accompagne si vous voulez ?
– Oh, c’est gentil! Je me présente Fatima Zahra Sall !
– Moi c’est Samira Gabrielle Soumah mais tout le monde m’appelle Sami…
C’est une fois au secrétariat que les deux jeunes femmes se sont aperçues qu’elles étaient dans la même classe et suivaient les mêmes spécialités…
Une semaine après, les nouvelles copines étaient devenues inséparables, elles faisaient tout ensemble. Elles passaient la moitié de leurs temps ensemble. Fatima habitait avec son mari Harouna Sall, son cousin germain son mari en même, ils passaient leur temps à se taquiner comme chien et chat, on ne dirait même pas qu’ils sont mariés depuis plus d’une année, on les croirait un couple de frère et soeur tellement la ressemblance est flagrante…
– Mais toi, ton mari on dirait ton frère jumeau vous avez les mêmes traits ! Remarqua Sami, choquée par la ressemblance du couple
– Dama ko nop ba faff nirou ak mom ! (Je l’aime à tel point que j’ai fini par lui ressembler !) C’est mon paradis…
– Vous êtes tellement beaux ensemble ! Dit-elle tellement triste
– Ma Shaa Allah ! Dis-moi, tu n’as pas de copain toi ?
– J’ai vomi les hommes ! Répondit-elle la mine ailleurs
– Pourquoi tu dis ça ?
– Une très longue histoire. Je ne suis pas encore guérie de mes blessures peut-être que je te raconterai mes mésaventures, un jour !
– In Shaa Allah. Surveille la sauce s’il te plaît, je vais prier et je reviens dans quelques minutes !
– Comment on prit Fatima ? Demanda la jeune fille sans se soucier de ce qu’elle venait de demander
– Pardon, tu n’es pas musulmane ? Questionna Fatima choquée
– Euh je ne sais pas. Ma famille dit qu’elle est musulmane mais je ne sais pas ce que c’est d’être musulman !
– Vous ne priez pas chez vous ?
– Non je n’ai jamais vu mes parents prier et je ne sais pas comment on prit !
– Allah guide qui il veut et égare qui il veut! Fit-elle en laissant couler ses larmes
– Pourquoi tu pleures Fatima j’ai dit quelque chose de mal ? Arrêtes de pleurer sinon je vais m’y mettre… Dit-elle refoulant un sanglot
– Non ma chérie, tu n’as rien de dit de mal ! Je me rends compte de jour en jour qu’Allah est le maître du monde et qu’IL guide qui IL veut ! Samira je ne vais pas te juger car je n’ai point ce droit mais je peux me permettre de te conseiller. Tu sais quand on est musulman on est obligé de prier Allah mais en même temps on ne peut pas s’acquitter de ces devoirs de croyant quand on ne sait pas comment le faire. Il n’y a pas de musulman non pratiquant soit on est musulman on pratique soit on renie notre foi et on ne pratique pas. C’est la manière dont on pratique qui nous différencie des autres. Il n’y a rien de plus merveilleux que de sentir son cœur palpiter quand on prononce le nom d’Allah mais pour ça chérie il faut avoir la foi ! Mais qu’est-ce que la foi ? Tu crois en Dieu n’est-ce pas ?
– Je sais qu’il existe mais je ne peux pas dire si je le crois ou pas !
– Bien alors je vais te donner des audio et vidéos que tu regarderas une foi chez toi après tu me diras si tu es convaincue ou pas ? Je prie qu’Allah t’ouve le cœur et que tu fasses partie de la communautés de notre Bien-Aimé Sallalahu ‘Aleyhi wa Salam !
– Comment être ami avec ton Dieu Fatima je vois que tu es une bonne personne tout mon contraire !
– Ne dis pas ça chérie ! Tu es juste égarée mais tu auras toutes tes réponses dans cette clé !
Sami prit congé après avoir bien mangé. Elle rentra chez elle et trouva sa mère en train de refaire son vernis tout en écoutant de la musique sénégalaise, du Youssou Ndour. Elle la salua brièvement avant d’aller s’enfermer dans sa chambre pour écouter les audio que lui avait donnés sa copine.
Samira ne dormit pas de la nuit, elle écoutait les sermons en pleurant et en maudissant ses parents de ne pas lui avoir appris sa religion. Elle regretta ses actes, le fait de n’avoir pas connu Dieu assez tôt peut-être qu’elle ne se donnerait jamais à cet homme qui a gâché sa vie encore moins ôter la vie de son enfant ! Sacrilège ! Se dit-elle en pleurant
En une nuit, elle en apprit beaucoup plus qu’elle ne devrait. Elle se leva, prit une pair de ciseaux et commença à couper ses mèches. Ceci fait, elle enleva les tresses une à une avant d’entrer dans la salle de bain pour faire pour la première fois de sa vie ses grandes ablutions en suivant à la lettre les recommandations qu’elle a appris dans la vidéo.
Elle sortit quelques minutes après, sécha ses cheveux puis sortit de son armoire une Djellaba que lui avait offerte son père lors de son voyage au Liban avant de prendre un de ses foulards pour se couvrir la tête. Puis, à l’aide de son portable elle réussit à trouver la Qibla, elle sortit encore un autre foulard en guise de tapis de prière. Elle s’assit par terre leva son index et entreprit de prononcer la Chahada, l’attestation de la foi…
– Ash hadu An-Lâ Ilâha Illa-Lâhou wa Ash-hadu ana Muhammadan Rassoulloul-Allah ! (J’atteste il n’y a point de divinité qu’Allah et que Muhammad est son messager) Dit-elle les larmes aux yeux
Le lendemain, la jeune femme se réveilla vers 12 heures, elle prit rapidement son petit déjeuner avant d’aller voir sa copine sans prendre la peine de l’avertir. Une fois la porte ouvert, elle sauta sur Fatima et pleura encore de toutes ses forces…
– Fatima je maudis mes parents de pas m’avoir inculqué les valeurs de cette belle religion ! Je les maudis de pas m’avoir éduqué selon la religion ! Je les maudis de ne pas m’avoir appris ma religion ! Fatima je hais mes parents ! Pleura-t-elle sur les épaules de son amie
– Ne redis plus jamais ça ! Bon ou mauvais ils restent tes parents et tu ne pourras jamais je dis bien jamais les payer pour tout ce qu’ils ont fait pour toi depuis ta naissance et surtout ta mère tu ne peux pas imaginer combien elle a souffert en te mettant au monde alors ne redis plus jamais ça ! Sermonna l’amie
– Tu ne comprends pas Fatima. Tu ne comprends pas tout ce que j’ai fait à cause de mon ignorance jamais Allah ne me pardonnera mes ignobles actes !
– Quel que soit le degré de ton péché avec un repenti sincère Allah te pardonnera ! Il est Le Tout Miséricordieux, notre seigneur n’en doute jamais !
Samira n’entendait plus, elle avait besoin de parler, elle avait besoin de se confier. Elle n’en pouvait plus de ce lourd secret qu’elle cachait depuis plus de trois mois, elle avait besoin d’être soutenue, d’être rassurée. Elle avait juste envie de tout faire sortir, elle avait envie d’être écouté
– À mes 18 ans, j’avais rencontré un homme et pour la première fois un qui me plaisait le seul problème était qu’il avait l’âge de mon père. Je l’ai aimé d’un amour sincère comme si je n’étais plus moi même. Il était tellement beau et parfait à mes yeux que je n’ai jamais pensé qu’il pouvait me faire du mal un jour. Hélas je m’étais trompée de personne, c’est le pire être que j’ai eu à rencontrer. Il m’invitait chez lui de temps en temps et naturellement on a commencé à avoir des rapports sexuels. C’était nouveau pour moi je ne savais pas si c’était bien ou pas tout ce que je savais c’est que j’adorais être avec lui et j’adorais ce qu’il me faisait découvrir. Petit à petit j’y prenais goût et parfois même c’est moi qui le forçais à coucher avec moi et j’acceptais toutes sortes de tortures de sa part. Je ne savais pas que c’était interdit par la religion, ma mère n’a jamais eu de conversation sur ce sujet avec nous, il n’a jamais été question de parler de sexualité chez nous, c’est un sujet tabou comme dans la plus part des familles africaines. Un beau jour j’apprends que j’étais enceinte de trois petites semaines, évidemment je suis allée lui en parler et sa réaction m’avait vraiment surprise. Il m’a avoué qu’il ne m’aimait pas et que j’étais juste bonne au lit mais rien de plus. Qu’il aimait beaucoup trop sa femme pour la quitter pour une petite conne de mon genre et que si je voulais continuer à avoir des relations sexuelles avec lui je devais d’abord enlever la grossesse. Il venait de m’humilier et de me traiter comme de la merde après ça je ne voulais plus de son sang dans mon ventre, une semaine après je me suis faite avortée. Je n’ai plus eu de ses nouvelles mais je continue toujours de l’aimer et il me manque tellement que j’ai envie de me tuer à chaque fois que je pense à lui. Dis-moi Fatima après tout ça Dieu va me pardonner ?
Fatima et son mari étaient choqués par les révélations Samira et se sont abstenus de ne pas la juger mais Harouna avait jeté toute la faute sur les parents de Samira…
– Il n’y a pas de péché qu’Allah ne pardonne pas ! Repents-toi sincèrement et Il te pardonnera ! Répondit Harouna
– Que faire de mes pulsions qui me poussent à aller le voir ! Demanda-t-elle, honteuse
– Jeûne ma chérie ! Tu verras, tu penseras moins à lui et tu en guériras même. Tu n’es qu’un humain ma chérie et tout humain commet des erreurs mais apprend de tes erreurs et ne les refait plus. Je serais toujours là pour toi compris ? Ajouta Fatima
– J’ai fait mes grandes ablutions ce matin et j’ai prononcé l’attestation de la foi mais je n’ai pas prié parce que je ne peux pas réciter les sourates mais j’ai commencé à apprendre la Fatiha d’ici demain je vais pouvoir prier ! Dit-il tout sourire
C’est ainsi un mois après, Samira était devenue une musulmane à part entière. Elle priait tous les jours sauf quand elle avait ses menstrues. Elle avait appris les sourates les plus courtes pour faire ses prières et elle s’était inscrite dans une petite mosquée pas très loin de l’université ou elle apprenait à lire l’arabe, le coran et le Fiqh.
Ses parents ne se doutaient encore une fois de rien. Madame Soumah, Fatou Sakho était très occupée à se faire belle qu’à s’occuper de ses enfants et n’avait même pas remarqué le changement de sa fille aînée, qui s’habillait de façon très pudique même si elle n’avait pas encore commencé à porter le voile. Elle passait ses jours à jeûner et à demander pardon à son seigneur…
Ce week-end Fatou Sakho la maman de Samira reçut chez elle sa demie soeur Tante Rokhaya
– Ah Fatou tu as laissé ta soeur déh. Ça va ?
– Eh Rokhaya, le boulot ! Tu sais que je n’ai pas le temps entre le boulot, les enfants et Ousmane qui n’est jamais là toujours entre les deux avions…
– Ah j’ai oublié vous êtes devenus de vrais français à tel point tu n’as pas su inculquer les valeurs de notre tradition à tes enfants ! Sortit Rokhaya, la mine dédaigneuse
– Mais tu parles de quoi là, ma sœur ? Interrogea Fatou
– Figure toi que après mes congés j’étais en train de ranger les dossiers à l’hôpital et je suis tombée sur celui de ta fille Samira !
– Elle est malade Samira ?
– Non elle a fait un avortement volontaire il y a six mois !
– Ladjila non, non Rokhaya ça ne peut pas être vrai, Samira n’oserait jamais faire ça !
– Ah oui, voici les preuves ! Sortit-t-elle en lançant les photocopies du dossier sur la table basse du salon
Fatou les prit et vit effectivement le nom complet de sa fille ainsi que sa signature. Elle était choquée et au bord de l’explosion
– Batralémé ! (Fille de pute !) Je vais la tuer aujourd’hui !
– On va la tuer ! Appelle son père ! Ajouta sa soeur
Ousmane était au travail et s’était précipité à la maison dès qu’il a eu la nouvelle.
Samira rentre de ses cours une heure après et fut surprise de voir ses parents et sa tante réunis dans le salon
– Je vais te tuer aujourd’hui ! Hurla la mère en fonçant directe vers sa fille…