Merveilles de Femme

Histoires africaines

Sacrilege

Sacrilège – Partie 1

Sacrilège – Partie 1

 

Il était sept heures du matin, Aicha faisait quelques pas devant sa maison chapelet à la main. Ça fait des jours qu’elle ne sent pas bien mais elle fait tout pour que ses ne sentent pas son désarroi. Elles s’arrêtaient de temps en temps pour saluer quelques voisins. Aicha retourna à l’intérieur de la maison et trouve que les enfants avaient déjà commencé à dresser la table pour le petit déjeuner, Muhammad son petit dernier revient de la boulangerie avec des baguettes de pain…

– As-Salamou Aleykum !

Le chef de famille venait de faire son entrée et très vite le silence gagna le salon quand Abdoulaye est là personne n’ose tousser. Les enfants se levèrent et saluèrent à tour de rôle leur père…

– Je vous ai maintes fois dit que je ne veux pas entendre vos voix dans cette maison ! Khana meuno lenn wakh nank ? Vous ne pouvez pas parler doucement ? Hurla-t-il comme toujours

Personne n’ose répondre quand son excellence parle. Les enfants prirent chacun leur petit déjeuner et allèrent s’enfermer dans leur chambre…

– Je prie qu’il meure ou qu’il disparaisse de nos vies, je le haie, je le déteste ! Susurra Mohammad les larmes aux yeux

– Astaghiroullah ! Corrigea Fatima, l’ainée de la famille. Ne répète plus jamais ça Mohammad, bon ou mauvais c’est notre père !

– Votre père à vous, un papa ne déteste pas ses enfants comme ce vieux nous déteste ! Yalna déh niou nopalou maman sounouna ! Maman est trop fatiguée, elle a trop enduré avec ce type et si on ne fait rien c’est elle qui va mourir…

– C’est vrai que maman est devenue l’ombre d’elle-même, elle n’est plus cette femme joyeuse qu’elle était avant même si elle s’efforce de nous montrer le contraire, renchérit Nana la deuxième

– Vous avez raison mais on ne peut rien faire à part suivre ses conseils… cette situation ne me plait pas, je le déteste aussi papa mais…

Fatima fond en larmes ne supportant plus de voir sa mère aussi malheureuse. Le silence s’abat encore dans le salon et on entend des cris venant du salon…

– On dirait que maman et papa qui se disputent !

Ils n’osaient pas sortir sinon ça allait être leur fête.
Personne ne parlait dans la chambre, ils étaient d’entendre leur parent se disputer ainsi. C’était une première après vingt années de mariage.
Abdoulaye et Aicha n’étaient pas le couple parfait loin de là et on pouvait même dire qu’ils étaient diamétralement opposés niveau caractère, Abdoulaye est de nature colérique alors que Aicha est la douceur incarnée, une femme très brave et très respectueuse. Elle a toujours supporté les sautes d’humeurs de son mari et son sale caractère. Aicha est une femme soumise et dans le vrai sens du terme pourtant c’est une intellectuelle avec un MBA en finance mais elle a reçu une éducation stricte et cette phrase fétiche qui a causé beaucoup de tort à des générations de femme ‘’Une femme doit mourir dans son ménage pour ses enfants’’ elle se souvient encore de la phrase de sa grand-mère le jour elle devait rejoindre son mari. Aicha ne tenait plus, elle sait que si elle ne fait rien son cœur allait lâcher d’une minute à l’autre, elle a trop gardé.

– Fatima, Aicha venez papa va tuer maman, cria Mouhammad qui était sorti quand il a entendu les cris de sa maman

– Quoi ? Cria ensuite Fatima en se dirigeant vers le salon Muhammad et moi derrière elle.

Ils n’ont pas supporté l’image qui s’offrait à eux, maman Aicha était couchée sur le tapis et Abdoulaye lui donnait des coups les uns plus forts que les autres. Aicha ne pleurait pas, elle avait mal mais elle s’efforçait de ne pas craquer et surtout pas devant ses enfants. Les enfants coururent vers leur mère qui avait du mal à se relever. Elle avait la lèvre fendue, front saignant et des marques sur tout le corps. Aicha regarda ses enfants pleurer, elle eut le cœur, une petite larme sortit de son œil, elle tourna le visage pour ne qu’ils la voient. Mouhammad se leva et se mit en face de son père

– Papa t’es devenu fou ou quoi ? Je te déteste ! Je te hais et de toute mon âme, hurla Mouhammad en colère

Avant même qu’il ne termine sa phrase il reçoit un coup tellement fort qu’il tombe sur le tapis

– Imbécile, je ne suis pas ton égal, enfants de malheur. Vous me portez malheur depuis que vous êtes nés, plus rien ne marche pour moi, bande de bâtards ! Incapable, vous serez toujours, c’est moi votre père qui vous le dit ! Vous ne serez rien dans cette vie, attendez pour voir, vous serez toujours les derniers ! Enfants de malheur, cria Abdoulaye avant de sortir du salon. Nana et Fatima aidèrent leur maman à se lever, Aicha se coucha sur le canapé. Abdoulaye revient encore dans le salon et se remet à crier

– Toi tu sors de la chambre et vide la moi ne laisse même pas un caleçon traîné sinon je te tue…
Muhammad ne répondait pas, il avait baissé la tête. Vous allez voir mon vrai visage à partir d’aujourd’hui. Tout va changer dans cette maison tout. J’ai un nouveau travail, une nouvelle femme et une voiture toute neuve et je vais changer de famille, vous allez déguerpir de ma maison vous tous !

Les enfants font comme si il ne l’avait pas entendu. Les filles aidèrent leur maman à regagner sa chambre. Une fois dans la chambre, elles l’aident à enlever ses habits avant de la laisser entrer seule dans la salle de bain. Elle mit du temps à sortir, elle se laissa aller et sortit son chagrin sous la douche. Une heure ou plus après elle sortit avec son peignoir et avait déjà pansé ses blessures. La tension était palpable dans la chambre, elle n’osait pas  regarder ses enfants, elle était visiblement très gênée.

Elle se mit en tenue de prière et fît deux Raqqas sûrement pour se calmer et tout confier à son Seigneur comme elle avait l’habitude. Après avoir fini elle demanda à ce qu’on appelle Mouhammad qui s’était réfugié dans sa chambre. Mouhammad les rejoint, Aicha demanda à ses enfants de l’écouter sans l’interrompre…

– Mes enfants, vous êtes mes amours, ma plus grande fierté. Je vous demande de ne pas faire attention à ce qui vient de se passer dans le salon, ça ne risque pas de se reproduire. Oubliez toutes ces méchancetés que votre père a dites, il était en colère…

– Ne le défends sur tout pas puisque ce n’est pas la première fois qu’il nous dit ces atrocités ! Dit Fatima en pleurs

– S’il vous plait ! Lou meunti mell c’est votre père, vous lui devez respect !

– Un géniteur tu voulais dire ! Renchérit Mouhammad

– Mouhammad, essaya Aicha

– Ne dis rien maman je sais qu’il ne m’a jamais aimé t’es pas obligée de nous dire tout cela maman ! Je ne le considère plus comme mon père, fini-t-il en sanglotant.

– Il a raison maman ce vieux est tout sauf un bon père. Tu es une mère et en même temps un père pour nous. Nos études, les frais d’hôpitaux et même nos habits tout dans cette maison est à ta charge Ma, même la maison c’est toi qui la payais à la SICAP, elle est à ton nom…

– ASSEZ Fatima ! Assez. S’il vous plaît mes chéries ne lui en voulait pas il est juste stressé.

– Oui c’est ça, trouve-lui des excuses comme toujours

–  Fatima, quoi qu’il puisse faire il reste toujours votre père.

– Un géniteur encore une fois, c’est ce que le français appelle géniteur. S’il te plaît on est plus des enfants j’ai 19 ans Madina en a 15 et Muhammad 12 ans et même lui a compris maman. Tu peux nous demander de continuer à le respecter comme avant et on le fera pour toi parce qu’on estime que tu as assez souffert pour nous mais de là à le considérer toujours comme un père, non maman ça on ne pourra pas. Ne te stresse pas on fera tout ce que tu voudras juste pour te voir sourire dit Fatima en pleurs…

– Vous ne savez même pas à quel point je suis fière de vous je vous aime de toute mon âme, dit-elle en nous prenant dans ses bras.

– Et maintenant écoutez-moi bien. Vous avez entendu tous ce que votre à père dit je ne vais pas en revenir. A vous de lui prouver le contraire, que vous en sortirez avec ou sans sa bénédiction. Fass lenn diom, niafé lenn siguil lenn ma rendez-moi fière. Ne vous laissez pas distraire par quiconque. Dites-vous que tout vient de commencer les choses sérieuses viennent de commencer. In Cha’Allah bou déh Ya’Allah lamou mayé wone diékhoul dou ngenn meusseu torokh, di ngenn raw senn bep masse. Dama seuye ba déh seyeuntou ma, dama seuye ba déh (Si tout ce Qu’Allah a promis à ses fidèles serviteurs est toujours là. Vous serez toujours premiers) Vous êtes ma force, aujourd’hui si je suis encore dans cette maison c’est pour vous je peux tout supporter sauf vous voir perdre cette bataille. Ne me décevez surtout pas. Je parle surtout à vous les filles gardez-vous pour vos maris et mettez ceci dans vos têtes pas de mariage sans travail. Soyez dignes, respectez-vous, fonk lenn senn bop. Guiss ngenn gorgni kougnou solal toubay kounei ngemb langi lay khar… Ne faites jamais confiance aux hommes car la plupart finissent par vous trahir. Ne vous inquiétez pas pour moi parce que je sais ce que je vais faire de ce mariage !

Une nouvelle vie commence…

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